Le Cheval de Toussaint Louverture en Algérie
EXPOSITION
Du 27 novembre au 8 décembre 2023 au Collectif 12 – Mantes-la-Jolie
Photos, textes et montage de Catherine Boskowitz / Conception et réalisation graphique de Gaël Etienne
Production Compagnie abc et Maison Laurentine, avec le soutien de la Fondation Sakura
Les photographies que j’ai prises en Algérie en février et mars 2022, je les ai prises sur le vif, en marchant. J’aime la rue, la lumière du sable, la splendeur usée d’un immeuble, le geste inattendu de celle ou celui qui passe, l’enthousiasme d’un regard qui n’est pas pour moi.
Je suis une étrangère, je marche. J’ai saisi les images qui s’offraient, sans trop me montrer, sans me cacher non-plus. Et, afin de ne pas risquer l’interpellation policière pour avoir fixé dans l’objectif un bâtiment interdit, je me suis fondue dans la masse des preneurs de selfies, des clicheurs de tout et n’importe quoi. L’appareil qui me sert aussi de téléphone mobile m’a permis de faire comme tout le monde, partout dans le monde.
Ce que j’ai saisi alors à travers mon objectif me procurait simplement du plaisir, émerveillée de me sentir si vivante dans un pays où j’étais accueillie par des personnes remarquables et où je cherchais les traces d’un mouvement révolutionnaire récent, le Hirak.
Un jour, presque par hasard, en jouant à associer les photos les unes aux autres, à les superposer via ma vieille imprimante, je me suis mise à envisager une autre histoire, à composer des paysages inconnus, à rendre compte d’un voyage qui n’avait pas eu lieu.
J’ai inventé l’histoire de ce cheval qui, traversant les siècles de révolution en révolution, me guidait maintenant à travers l’Algérie.
Catherine Boskowitz
L’exposition est composée de 16 stations.
Une station raconte une histoire, la suivante une autre, l’ensemble forme l’archipel du voyage. Ces stations sont numérotées de 1 à 16 et chacune comprend 3 à 6 grandes affiches agencées de façon à ce qu’images et textes se répondent. Elles invitent le re- gardeur à suivre le sens d’un cheminement.
Les textes qui accompagnent les photos- montages, à l’opposé d’une légende, interrogent les images lorsque, le long des oueds, par les villages et les villes que j’ai traversés, j’ai saisi par bribes ce que je cherchais.
Et c’est à mon retour, lors de ma résidence à La Laurentine en Haute-Marne, que j’ai pu réunir les éléments qui constituent aujourd’hui cette invitation à se déplacer. Entre émotion et attention, il fallait risquer d’ouvrir un autre espace, une tentative de penser le voyage. Le voyage réel, situé au carrefour de toutes les contradictions possibles et qui reste toujours à explorer, à expérimenter, à incarner.
Exposition sur le site du Chameau – La Maison Laurentine – août 2022