Fictions ordinaires
Ficciones cotidianas
© photo JC Lanquetin
Création 2017
Medellin, Colombie, les 28 et 29 avril 2017
Tropiques-Atrium, Scène Nationale Fort de France, Martinique, 27 mai 2017
Festival des 4 chemins à Port-au Prince, Haïti, le 23 novembre 2017
Restitution sous forme d’exposition à la Haute Ecole des Arts du Rhin à Strasbourg, France, le 17 octobre 2017
Un spectacle entre théâtralité, performance et arts visuels, élaboré et présenté dans le contexte d’un quartier de Medellin à partir des fictions ordinaires de ses habitants, puis réinscrit dans d’autres contextes urbains. Conçu et porté par Catherine Boskowitz et Jean-Christophe Lanquetin, le projet associait à chaque étape de nombreux artistes, acteurs, étudiants, habitants et partenaires locaux.
Les formes théâtrales changent
A l’été 2015, notre chemin nous mène en Colombie. Le pays est alors engagé dans un processus de paix encore incertain. A Bogota, puis à Medellin, nous entrevoyons de multiples manières des dynamiques sociétales fortes, des formes alternatives, des énergies qui structurent le quotidien de la vie des gens. Déclic, envie de développer un projet, pour un temps, en lien avec ces manières de mixer engagement sur le terrain et pratiques artistiques. Nous revenons en mars 2016 à Medellin, ville repérée pour la manière dont la société civile s’est prise en main face à la guerre civile et la violence liée aux cartels et décidons que c’est dans cette ville que le projet se fera. Nouveau séjour en septembre 2016 où nous sommes accueillis par la Corporation Nuestra Gente (http://www.nuestragente.com.co) implantée depuis trente ans dans le quartier Santa Cruz, dont fait partie le barrio Sinaï, un quartier construit de toutes pièces par des réfugiés, pour la plupart, à l’origine, paysans chassés de leurs terre depuis diverses régions de Colombie.
Pendant quinze jours nous rencontrons quotidiennement les habitants du Sinaï, nouant avec eux des relations d’amitié et de travail, au cours de marches dans les rues, de réunions à la Casa communale ou de dialogues improvisés. Une approche particulière est développée autour de la nuit, de ses problématiques ordinaires ou extra-ordinaires. Les fictions ordinaires se racontent de façon plus intime à la nuit tombée. Le dernier week-end nous organisons une marche nocturne collective à travers les ruelles, à la lumière de lampes torches, réunissant une cinquantaine d’habitants. Nous filmons et dessinons ce que les habitants racontent du quartier en cheminant. Le lendemain à la Casa communale, une trentaine de personnes, toutes générations confondues, produisent une série de dessins sur rhodoïds sur le thème de leurs propres « fictions ordinaires ». Chacun met en scène son dessin projeté en ombre portée sur un mur, en l’accompagnant d’un récit.
Nous revenons fin mars 2017. Nous sommes installés dans la Casa communale, dont nous commençons par refaire le toit. Nous y travaillons pendant trois semaines en immersion et interaction forte avec les habitants du quartier. Un travail de mise en scène de fragments du texte « Memoria del Fuego » d’Eduardo Galeano est réalisé par Catherine Boskowitz avec des acteurs colombiens et de jeunes amateurs ; des ateliers à destination des enfants, un travail collectif et pluriel de collecte de récits sonores et visuels sont menés par l’ensemble de l’équipe ; Miguel Isaza, musicien colombien, capte les sons du quartier et compose la bande sonore ; Jean-Christophe Lanquetin fabrique des vidéos et prépare la scénographie in situ. Simultanément dans une douzaine de maisons du quartier, Raphael Girouard et une partie de l’équipe inventent des dispositifs lumineux à partir des idées des habitants.
Tout cela, et une présence journalière de tous les artistes du projet, a permis de construire un spectacle d’une heure, entre théâtre et vidéo, construit à partir des « fictions ordinaires » du quartier, et présenté à l’angle de deux rues.
Nous tentons d’exploser les cadres de la boite scénique, d’inviter le spectateur à en repousser les limites, en s’inscrivant au cœur du spectacle, par sa présence, son émotion, son regard dans une position qui tout en étant réflexive l’inclut au même titre que les acteurs qui jouent, les images qui sont projetées, les ambiances sonores qui sont diffusées. Notre propre présence n’est pas extérieure, au sens d’un regard « sur » le récit des autres. Nous sommes des personnages de ces fictions ordinaires. Nous agissons comme déclencheur d’histoires : la dramaturgie n’est pas construite exclusivement par nos soins. En proposant aux habitants de se saisir des outils plastiques, textuels et numériques avec nous, de créer eux-mêmes des objets (films, enregistrements, animations, objets lumineux et sonores…), de les assembler avec nous, il s’agit d’enchâsser des points de vue multiples, voire contradictoires. Catherine Boskowitz & Jean-Christophe Lanquetin
Fictions ordinaires à Medelin
Conception et Mise en Scène : Catherine Boskowitz // Conception et Scénographie :
Jean Christophe Lanquetin Création lumières : Raphael Girouard [PluZ] // Création son :
Miguel Isaza // Sociologue : Esteban Yepez [PluZ] // Coordination et logistique : Carolina Parra [PluZ] // Acteurs : Jenifer Valderrama Dominguez, Emanuel Gonzalez Canas, Sergio Andres Gonzalez Canas // Groupe amateur : Vanessa Alejandra Arias, Alejandra Ossa Restrepo, Kevin Santiago Rotavizque, Ana Maria M. Uraigoza, Michell Monkoya Zapata// Body Art : Jham Carlos Muslaco Polo // Etudiantes HEAR : Margot Ardouin, Lisa Colin, Adeline Fournier, Maria Flor Pinheiro, Elise Vilatte // Documentation photographique : David [Ditoma] Kadoule // Traducteurs : Margot Cannamella, Sebastien Bigot, Manuel Munévar
Coproduction : Scu2 / Pluz S.A / Corporation Cultural Nuestra Gente / Einstein on the Beach.
Avec le soutien de l’Institut Français, de la région Ile de France et de la Haute Ecole des Arts du Rhin [Strasbourg].
Reconfigurations
Selon les contextes et les circonstances, le dispositif créé à Medellin a été reconfiguré Fort de France, puis Port au Prince, et Strasbourg… Soit dans un lieu d’exposition, soit dans l’espace urbain. Entre spectacle et installation. Le principe a été d’ajouter des strates aux « fictions ordinaires » de Medellin et de les faire entrer en résonance.
Fictions ordinaires à Fort de France
Une proposition de Catherine Boskowitz et Jean-Christophe Lanquetin avec Raphael Girouard [Medellin] // Danseuses : Murielle Bedot et Yaël Réunif // Lumières : Raphael Girouard // Création sonore : Miguel Isaza [Medellin] // A l’invitation de Tropiques Atrium, Scène Nationale de la Martinique et de la Maison Rouge / Maison des arts.
Production Cie ABC // Remerciements aux habitants des Terres Saint ville qui se sont prêtés au jeu de la résidence, à Hassane Kouyaté et à l’équipe de Tropiques Atrium, à Christiane Emmanuel, directrice de la Maison Rouge.
Fictions ordinaires à Port-au-Prince
Une proposition de Catherine Boskowitz et Jean-Christophe Lanquetin avec Raphael Girouard [Medellin] // Acteurs : James St Felix // Sabrina Georges // Perla Maxline Saintil //Jean-Marc //Danseur : Jean Ricardo Calixte // Etudiantes de la Hear : Elise Villatte // Maria Flor Pinheiro.//
Production Cie ABC // Avec le soutien du Festival des Quatre chemins// Remerciements aux habitants de Baspeudechoses qui se sont prêté au jeu de la résidence, à Guy Régis Junior directeur du Festival des Quatre Chemins.